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1 juillet 2021

Les jurys de Bac refusent d’harmoniser les notes de contrôle continu

Hier mardi 29 juin 2021, les professeurs de lycée étaient appelé-e-s à « harmoniser en masse » les notes de contrôle continu des élèves. C’est le terme employé par le Ministère pour nous demander d’augmenter ou diminuer artificiellement les notes qui n’avaient au départ pas vocation à devenir des notes de Bac (transformation des épreuves en contrôle continu au milieu de l’année scolaire).

De nombreux sous-jurys refusent le principe et la méthode de cette harmonisation ; dans mon centre d’examen (le lycée de Bondoufle en Essonne), la réunion des cinq jurys a rédigé et voté les deux motions ci-dessous.

MOTION N°1

Nous, membres des jurys n° 309, 359, 9121, 9126 et 9128 des Baccalauréats général et technologique, réunis en Assemblée générale dans le centre du lycée François Truffaut de Bondoufle ce mardi 29 juin 2021, constatons les conditions dans lesquelles le Ministère de l’Éducation Nationale nous demande de procéder à une « harmonisation en masse » des notes obtenues par les candidat·e·s dans plusieurs lycées du département. Concrètement, il s’agirait d’augmenter ou diminuer artificiellement les notes obtenues par les candidat·e·s durant leurs années de Première et Terminale, en les comparant « avec la moyenne académique dans chaque discipline ».

Nous tenons à dénoncer les délais dans lesquels les Vice-Président·e·s ont été informé·e·s des consignes (à peine plus de douze heures avant l’heure de convocation des sous-jurys) qui étaient pourtant prêtes au niveau national, à en croire la date imprimée sur le document fourni, depuis le mois d’octobre. Les autres membres des jurys ont été convoqué·e·s avec un délai scandaleux, vendredi dernier à 20 heures voire hier après-midi !

D’autre part, les moyens techniques du Ministère semblent tout aussi fonctionnels que ceux avec lesquels nous avons tenté de travailler avec nos élèves durant la crise sanitaire : impossibilité continue de connexion aux plate-formes Imag’In et Santorin depuis 8H30, heure théorique du début des délibérations.

Concernant le fonctionnement des jurys, nous nous étonnons de ne voir qu’un seul Président pour tout le département de l’Essonne. La présence d’un universitaire à la présidence d’un jury de Baccalauréat est la garantie du cadre selon lequel ce diplôme, national, est le premier grade universitaire. Comment ce cadre peut-il être assuré par une seule personne pour un tel nombre de candidat·e·s ?

Sur la forme, la méthode prescrite par le Ministère constitue une mascarade plus grave encore que celle des jurys de l’an dernier. L’harmonisation « suggérée » repose sur des comparaisons statistiques avec des disciplines qui ont changé de nom et / ou de contenu avec la réforme Blanquer (enseignement scientifique, SES, mathématiques etc.), voire qui n’existaient tout simplement pas (NSI, HGGSP, mathématiques complémentaires etc.). Comment comparer des choses qui ne sont objectivement pas comparables ?

Sur le fond de l’idée d’une telle harmonisation, le Ministère nous demande de juger, en leur absence, du travail que nos collègues ont effectué en évaluant, en classe et tout au long de l’année, leurs élèves dans une optique qui n’était pas celle de l’obtention du Baccalauréat.

En conséquence, nous prenons la décision de n’effectuer aucune modification des notes de contrôle continu obtenues par les candidat·e·s de nos jurys.


MOTION N°2

Nous, membres des jurys n° 309, 359, 9121, 9126 et 9128 des Baccalauréats général et technologique, réunis en Assemblée générale dans le centre du lycée François Truffaut de Bondoufle ce mardi 29 juin 2021, affirmons que le contrôle continu est une négation des caractères ponctuel, terminal et national de l’examen du Baccalauréat, couronnement des études secondaires de nos élèves.

Tout au long de ces deux dernières années, depuis l’avènement du Bac Blanquer, nous avons constaté les pressions effectuées sur les Professeurs par les élèves et leurs familles, voire parfois par les Chefs d’établissement. Comment en serait-il autrement à l’heure où chaque note attribuée par un·e enseignant·e à un quelconque travail durant l’année scolaire compte pour cet examen qui angoisse tant les élèves ?

Nous savons bien que les professeurs ont des pratiques d’évaluation et de notation très diverses, conformément à notre liberté pédagogique, et cette diversité aboutit nécessairement à des différences de traitement qui sont incompatibles avec un examen national.

Nous sommes bien conscient·e·s que cette diversité provoquera très rapidement une hiérarchie entre les établissements d’origine des bachelier·e·s et, très rapidement, une dévalorisation totale du diplôme et la montée en puissance des certifications privées comme critères de recrutement des formations supérieures.

En conséquence, nous refusons l’extension proposée hier du contrôle continu et exigeons le retour à des épreuves ponctuelles, nationales et terminales pour le Baccalauréat, et ce dès la session 2022.

Motion adoptée par 16 voix sur 24 présent·e·s

Pour renouer avec un art militant

30 mars 2014

Dans la série «Dans ma boîte»

—– Message de Valérie de Saint-Do

Tribune parue dans Le Monde du 28 mars

Par Thibaud Croisy (artiste)

À Avignon, où la liste du Front national est arrivée en tête du premier tour des élections municipales, le nouveau directeur du Festival d’Avigon, Olivier Py, a menacé de délocaliser la grand-messe du théâtre international si le candidat FN était élu. Ce déménagement priverait les Avignonnais d’une manifestation culturelle de grande ampleur mais aussi des précieuses retombées économiques dont la ville bénéficie à cette occasion (20 millions d’euros par an).

Certains observateurs ont vu dans les propos d’Olivier Py une prise de position audacieuse afin de réveiller les consciences citoyennes et de mobiliser l’électorat pour le second tour. D’autres, au contraire, se sont émus qu’un metteur en scène puisse envisager de capituler si vite, de déserter ou de remettre sa démission, comme Olivier Py l’a également annoncé, alors même que la tenue d’un Festival engagé deviendrait plus nécessaire que jamais.

Ce positionnement inattendu a donc ravivé un certain nombre de questions sur l’attitude à adopter face à la montée des extrêmes, et notamment en matière de culture. Par exemple, aurait-il fallu, d’emblée, tenir le discours inverse et déclarer que le Festival ne quitterait pas Avignon, quel qu’en soit le prix, pour s’ériger en inébranlable foyer de résistance et faire entrevoir de nouveaux horizons ?

UNE RADICALITÉ QUI NE S’EXPRIME QUE PAR SURSAUTS

C’est une brèche qu’Olivier Py a tenté d’ouvrir, tout en précisant qu’il serait « inimaginable » de travailler avec une mairie d’extrême-droite et de contribuer ainsi à la banalisation du Front national – ou de lui servir d’alibi.

Qu’on l’approuve ou qu’on la condamne, cette déclaration choc peut être aussi appréhendée comme le symptôme d’un problème plus profond : une radicalité qui ne s’exprime que par sursauts, ne s’incarne que devant des épouvantails (le Front national, les catholiques intégristes) et se livre significativement comme un « coup de gueule » de l’entre-deux-tours, un engagement d’avant la catastrophe.

Alors, l’artiste n’est-il voué qu’à tirer une sonnette d’alarme au moment où le train qu’il conduit est sur le point de dérailler ? C’est la question que l’on est en droit de se poser. Ce tressaillement à l’approche de la débâcle s’inscrit en tout cas dans un mouvement plus général de dépolitisation du paysage culturel et de reflux du militantisme.

Les profils des artistes d’aujourd’hui sont extrêmement variés mais s’ils sont nombreux à créer des pièces, des films ou des chansons dont la dimension politique est incontestable, beaucoup plus rares sont ceux qui revendiquent fièrement un statut d’artiste militant, a fortiori lorsqu’ils détiennent les clés d’un établissement public.

OCCULTER L’HISTOIRE DES FORMES MILITANTES

D’une part, il a toujours été très mal vu de considérer l’art comme un outil ou un instrument au service d’une lutte – et notamment d’une lutte étrangère à la défense de l’art. D’autre part, l’institution scolaire a œuvré avec beaucoup de brio pour occulter l’histoire des formes militantes, sans doute par peur de dérapages partisans, et elle continue encore d’apprendre à des générations entières que le théâtre « à thèse » est un art ignoble, daté, propagandiste, peu innovant et souvent ennuyeux.

Dans le même temps, une grande partie des acteurs de la culture française a largement intégré une conception duelle de la contestation qui consiste à sur-valoriser l’aristocratie de la critique – sage, mesurée, toujours parée de beaux arguments – et à disqualifier la parole polémique – dissonante, spontanée, agressive, toujours suspecte d’être réactionnaire, de flirter avec les extrêmes ou de tourner à vide.

Aussi, après le bouillonnement des années 1970 et l’arrivée de la gauche au pouvoir en 1981, plusieurs metteurs en scène, chorégraphes ou plasticiens « critiques » ont été mis à l’honneur mais on a progressivement marginalisé l’éthos de l’artiste insurgé, combattant, qui soutient les luttes d’émancipation, nomme clairement ses adversaires et prend régulièrement des positions bien tranchées.

À l’heure qu’il est, cette marginalisation est telle qu’en dehors des chefs de partis politiques, l’énergie polémique est tristement accaparée par quelques personnalités prétendument « anti-système » comme Dieudonné, Alain Soral, Eric Zemmour et autres agitateurs du petit écran – ce qui contribue à la mettre encore un peu plus à l’index.

Dès lors, il devient presque inédit de croiser des artistes d’opposition, pugnaces, belliqueux, qui savent aussi s’éloigner du monde de l’art pour prendre la parole sur des sujets qui ne touchent pas directement à leur pratique ou à leur condition. En revanche, bien plus fréquents sont ceux qui s’affolent à intervalles réguliers.

Pour comprendre les raisons de cet engagement à deux vitesses, il faut aussi rappeler qu’en ces temps de crise, le personnel politique s’est massivement éloigné de la chose culturelle.

À Avignon, le Parti socialiste peut se réjouir des déclarations mobilisatrices d’un metteur en scène comme Olivier Py mais à l’inverse, les milliers d’intermittents du spectacle qui ont manifesté contre le nouvel accord sur l’assurance-chômage, particulièrement régressif et fragilisant, ont été assez superbement ignorés par les ténors de la politique.

LIBREMENT S’IMPLIQUER, MANIFESTER, INTERVENIR

Le soir des résultats du premier tour, pendant que le Front national se réjouissait de ses scores historiques réalisés sur l’ensemble du pays, on pouvait voir les images édifiantes d’intermittents anonymes faisant irruption au QG de Nathalie Kosciusko-Morizet – et débarqués manu militari – tandis que le service d’ordre d’Anne Hidalgo usait de gaz poivrés pour repousser d’autres intermittents et précaires qui manifestaient devant son siège.

La fracture entre la sphère politique et celle de la culture est désormais profonde et elle atteint un tel sommet que même le metteur en scène allemand Thomas Ostermeier affirmait ces jours-ci qu’aucun électeur d’extrême-droite ne « changera d’opinion politique simplement grâce à une pièce » et que « le théâtre ne peut pas s’opposer au Front national » !

Voir un spectacle ne fait pas passer d’un parti à un autre certes, mais sans doute faut-il rappeler qu’un homme de théâtre n’est pas uniquement un artiste condamné à rester sur un plateau mais qu’il est aussi un citoyen qui peut librement s’impliquer, manifester, intervenir, attaquer de manière sauvage ou clandestine.

Ce vent de résignation doit donc interpeller et enjoindre à retrouver une énergie militante, c’est-à-dire durable, offensive, qui se donne les moyens de lutter, porte la contradiction et permette de s’imposer franchement dans le débat. Il devient urgent de faire front, non pas seulement lorsque l’orage éclate mais aussi – surtout – en marge de l’emballement médiatique des campagnes électorales, en ces périodes de calme apparent que l’on appelle « normales ».

Thibaud Croisy

Projet Peillon sur le statut : le résultat des votes au comité technique ministériel

29 mars 2014

Dans la série «Dans ma boîte»

—– Message de : Clément Poullet

Chers collègues,

Le texte sur les missions et obligations de service des enseignants a été soumis aujourd’hui aux organisations syndicales lors du comité technique ministériel.

Résultats :

  • Votes POUR : CFDT et UNSA
  • CONTRE : Force Ouvrière, CGT, SUD et une partie de la FSU (le SNUEP, syndicat des PLP)
  • ABSTENTION : SNES, SNEP (Nombre de voix suffisant pour donner quitus au ministre).

C’est un fait, il n’y a pas consensus.

Une chose est certaine : la bataille pour le retrait du projet Peillon ne fait que commencer.

Nos analyses, nos revendications portent : les articles 2 (les 1607 heures) et 3 (régime indemnitaire) du projet notamment sont largement discutés et ont de plus en plus de mal à passer, y compris au sein de la FSU.

C’est pourquoi le SNFOLC appelle les personnels à amplifier la mobilisation, à se réunir pour demander que le décret ne soit pas publié, et à dresser leurs revendications (postes, salaires, etc.)

Pour vous aider, vous trouverez en PJ :
– le communiqué de la FNEC FP FO du 27 mars (suite au comité technique)
– le 4 pages d’analyse du projet

Salutations syndicalistes,
Clément Poullet, secrétaire départemental du SNFOLC de l’Essonne

Marx à la plage

29 mars 2014

Marx à la plagePremier billet de la nouvelle série «Dans ma boîte»

—– Message de : Jérémie Ozog.

Deux vidéos que je vous recommande. Installez-vous comme au café et profitez de cette agréable et très instructive discussion philosophique, politique, économique, anthropologique… Bref, je vous souhaite d’apprécier ces vidéos autant que cela a été mon cas…

Fraternellement,

NB (je vous encourage à ne plus utiliser le PS habituel 😉 ): en fin de deuxième vidéo ils donnent quelques éléments qui confirment bien les théories de Friot et la rigueur de sa filiation Marxiste, n’en déplaise à M.Goudard auteur du pamphlet que j’ai dénoncé récemment.

OZOG Jérémie
Librairie Citoyenne & Cours de Sciences Économiques

Dans ma boîte

29 mars 2014

Peut-être qu’un jour je me remettrai à écrire des choses sur ce blog… En attendant je vais tenter de tenir à jour une nouvelle rubrique : «Dans ma boîte». Une rubrique dans laquelle je reproduirai une sélection de ce que je reçois dans mes multiples boîtes à courriel : des textes politiques ou sur des sujets très précis, des articles de blog ou des chaînes reçues on ne sait comment, etc… (Bon, y’aura probablement pas beaucoup de chaînes, elles sont souvent si stupides !)